How To Built A Raft Flag

L’expérience d’un graphisme logique et objectif de Mettler allié aux expériences nautiques d’outre-mer de Faria ont permis la naissance de ce drapeau. Ayant déjà réalisé d’autres oeuvres sur la forme symbolique et idéologique des drapeaux, ART | BASEL | GENEVA et THE | SEVEN | SUMMITS, les artistes proposent que les drapeaux du pont du Mont Blanc et les oriflammes du quartier des Bains invitent les spectateurs à s’échapper. Mettler et Faria suggèrent sous la forme de cette embarcation une envie de vouloir vivre, de vouloir réussir et surtout de vouloir fuir la banalité et les schémas quotidiens imposés. Le drapeau est un plan de construction minimal d’un radeau. L’objet est de certaine manière une unité primitive de sauvetage, une île nécessaire aux naufragés pour survivre.

Présent dans la culture populaire, dans la littérature comme dans le cinéma, le radeau est un symbole de conscience. À la fois objet réel et véhicule de l’imaginaire, il illustre la survie et la résistance.

Pour Mettler et Faria, le livre «La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé d’York», de Daniel Defoe (1660 – 1731), publié en 1719 illustre ces propos. En effet, cette fiction questionne le regard et le jugement de l’Occident du XVIII siècle sur ses valeurs et ses comportements. Le «décor» de cette fiction est l’esclavage de l’Afrique noir et l’exploitation des colonies et des peuples indigènes.

«Robinson Crusoé quitte l’Angleterre en 1652 pour naviguer, contre la volonté de ses parents qui voulaient qu’il devienne avocat. Le navire est arraisonné par des pirates et Crusoé devient l’esclave d’un Maure. Il parvient à s’échapper sur un bateau et ne doit son salut qu’à un navire portugais qui passe au large de la côte ouest de l’Afrique. Arrivé au Brésil, Crusoé devient le propriétaire d’une plantation.

En 1659 alors qu’il n’a que vingt-sept ans il se joint à une expédition partie à la recherche d’esclaves africains, mais suite à une tempête il est naufragé sur une île des Caraîbes dans l’atlantique. Tous ses compagnons étant morts, il parvient à récupérer des armes et des outils dans l’épave. Il fait la découverte d’une grotte. Il se construit une habitation et confectionne un calendrier en faisant des entailles dans un morceau de bois. Il chasse et cultive le blé. Il apprend à fabriquer de la poterie et élève des chèvres. Il lit la Bible et rien ne lui manque, si ce n’est la compagnie des hommes. Il s’aperçoit que l’île qu’il a appelée Désespoir reçoit périodiquement la visite de cannibales, qui viennent y tuer et manger leurs prisonniers. Crusoé, qui juge leur comportement abominable, songe à les exterminer, mais il se rend compte qu’il n’en a pas le droit, puisque les cannibales ne l’ont pas agressé et ne savent pas que leur acte est criminel. Il rêve de se procurer un ou deux serviteurs en libérant des prisonniers et, de fait, quand l’un d’eux parvient à s’évader, ils deviennent amis. Crusoé nomme son compagnon Vendredi, du jour de la semaine où il est apparu. Il lui apprend l’anglais et le convertit au christianisme.Vendredi lui apprend la vie dans une île déserte.»

Pour Mettler et Faria, la force de ce roman est dans son caractère actuel, il illustre leurs convictions et les drapeaux créés. La dualité existentielle, le regard sur l’altérité, le pouvoir et la hiérarchie, l’exploitation, les codes sociaux et les infinies visions de monde sont des aspects qui reviennent sur leur radeau.